02. Télévissé
03. Jean-Pierre Pipot
04. Diabolovic
05. Barbie-Dyllique
06. Jim Toniic
07. Jacques Potte
08. Pour le meilleur
09. Et pour le pire
10. Barbie-stérique
12. Fils de Pub
13. Gros Corps Malade
14. Haricot Nick
15. Charcuterie Plastique
16. The Number of the Fist
17. Metallikurt
18. Barbie-Turique
19. Plein les Urnes (en écoute)
20. Retour vers le f(o)utur
01
LA S(O)UITE
Oui, Dada, c’est moi,
Non je n’ai pas changé.
Je suis toujours ce type un peu fêlé.
Plongé, branché sur courant médiatique en hôpital…
Cathodique !
La star du journal télé,
Jean-Pierre Pipot, enchanté !
Quant à moi, je suis Barbie,
Demain beau temps garanti.
C’est cool, demain, course bar-o-métrique !
Moi, je carbure au Jim Toniic !
Vas-y Waza. Consomme à en mourir.
Fils de pub, pour vous servir.
Hôpital Cathodique.
Nick, acteur, pro du régime
Mais c’est ma banane qu’on filme.
Mes jeux à moi sont bien moins hot.
Ma carotte c’est le jackpot.
Allo, c’est Kurt, faudrait m’aider,
J’arrive pas à me suicider.
Je te conseille le médiator,
Aie confiance en Marc Vador.
La télévision a sauvé Dada et sa clique.
Pas de peine de prison pour martyrs marteaux médiatiques.
Le public a voté. Tribunal sous pression.
Verdict : TIG sur Marc Vador Télévision.
Paillettes et fric, c’est la belle vie.
Papar-asiles ? Pas de souci.
Mais sous son air de paradis,
Les accords sonnent faux dans cette mélodie.
Vador ! Ignore ! Le remord !
Vador ignore le remord !
Hôpital cathodique.
La bête se cache derrière les flashs.
La bête est là, face à toi, regarde-la !
02
TÉLÉVISSÉ
Dès que je t’ai captée, je suis resté sans voix.
Tu m’as estomaqué d’un télé-crochet du droit.
Je suis mire-acculé, tu m’as donné la foi.
Je suis hypnotisé, je n’ai plus d’yeux que pour toi.
TV freaky, oh rutti. TV freaky, oh rutti.
TV freaky oh rutti. Wop bop a loo bop a lop…
Télé, grâce à toi, je sais tout. Vissé avec toi, j’apprends tant.
Télé, j’ai voyagé partout. Vissé sans bouger face à l’écran.
Télévissé au canapé.
Télé-porté. Télé-guidé.
Télévissé au canapé.
Je suis télé. Télé-commandé !
Everybody needs some TV.
Everybody needs some TV to love.
Les chaînes de notre amour ne seront jamais brisées.
Je t’aimerai toujours. Jamais nous ne serons brouillés. Télé !
Télévissé au canapé.
Télé-porté. Télé-guidé.
Télévissé au canapé.
Je passe ma vie à te regarder.
Televisum est spiritus sancti.
Cathodique pratiquant. C’est ça ma religion.
Mais depuis quelques temps,
Je ressens comme d’étranges frissons
Quand je regarde Vador Television.
Fait divers étrange : deux jeunes personnes ont été retrouvées sans vie devant leur poste de télévision. Le couple aurait été victime, semble-t-il, d’une crise d’épilepsie foudroyante. La police enquête actuellement et veut, je cite, « ne négliger aucune piste ».
Vos neurones brûlent à coup d’écran total.
Mais qui contamine par images subliminales ?
Vos neurones brûlent à coup d’écran total.
Mais qui contamine par images subliminales ?
Télévissé !
03
JEAN-PIERRE PIPOT
JPP !
Il est très poli quand il présente le journal.
JP a la panoplie du gendre idéal.
Et tout de suite, un magnifique reportage d’investigation sur la fabrication traditionnelle de la charentaise. Dans le petit village de Fissouille, le monde évolue mais les traditions ne se perdent pas.
Il est très aimable et souriant.
Impeccable derrière l’écran.
Mais quand la journée se finit,
Jean-Pierre mène un train d’enfer.
Quand sonnent les douze coups de minuit,
Sa mutation s’accélère.
JP se déchire la tête
À coup de pinard aux amphét’.
Sniper arraché au vin rouge,
Jean-Pierre Pipot tire tout ce qui bouge !
Bouge ! Bouge !
Le démon de minuit.
Le démon est en lui.
Il est très plaisant. Faux semblant !
Jean-Pierre ment comme un arracheur d’écran.
Mais quand la journée se finit,
JPP va droit au but,
Attaque dans les boîtes de nuit
Comme un toxico en rut.
JP se déchire la tête
Et traque ses proies comme une bête.
Perché au bar comme un vautour,
Jean-Pierre chasse jusqu’au petit jour !
Jusqu’au petit jour !
Mais un soir, Jean-Pierre a perdu la tête.
Quel cauchemar pour sa conquête.
Jean-Pierre l’a tabassée, piétinée, étranglée, lacérée
Sous les raisins de la colère.
Défoncée, dépecée, découpée, démembrée,
Téléguidé par Lucifer.
Le démon de minuit.
Le démon de minuit est en lui.
04
DIABOLOVIC
Oui, oui, oui, je suis Belzebuth. Ah ! Ah !
Attends-toi au grand saut mais prends garde à la chute.
Assis sur ton épaule, je suis ton compagnon.
Mon job c’est de te soumettre à la tentation.
Le démon est en toi.
J’entraîne ton âme jusqu’au bout de la nuit.
Tu ne peux rien me refuser. Ah ! Ah ! Je suis tellement gentil.
Les sept péchés capitaux, pour moi c’est du gâteau.
Avec une gueule d’ange quand je te poignarde dans le dos.
Le démon est en toi.
Le démon est en toi.
Le démon est en toi.
Le démon est en toi.
Oui, oui, oui, je suis Belzebuth.
Arrête de résister, abandonne la lutte.
Satan t’habite du matin jusqu’au soir.
Quand tu t’en aperçois, il est déjà trop tard.
Trop tard ! Trop tard ! Trop tard !
Vole. Bois. Fume. Baise.
Bouffe. Triche. Mens. Tue.
05
BARBIE-DYLLIQUE
Un temps festif intempestif.
Bonnes prévisions pour demain.
Soleil de plomb, mercure en fusion.
Prévoyez vos maillots de bain.
La canicule, ça me stimule.
J’ai la tête dans les nuages.
Mille feux de joie s’allument en moi
Quand je vois le ciel qui se dégage.
Plus de nuage. Plus de chauffage. Fini l’orage.
Chaleur ! Bonheur !
Soleil ! Merveille !
Barbie Dyllique. Barbie Dyllique.
06
JIM TONIIC
Jeune garçon, il était un galopin rachitique.
Ses parents, très troublés, angoissaient pour son physique.
C’est pourquoi Jim s’est inscrit
Au club de foot dès dix ans et demi.
Le ballon, rapidement, devint pour lui une passion.
Mais la troisième mi-temps révéla son addiction.
Bar fixe, bar transversal,
Jim a du punch pour se mettre une balle.
Et il ne porte pas le brassard de capitaine de soirée.
Cramponné au comptoir, des coupes il en a soulevées.
Vainqueur aux jeux éthyliques :
Descente, slalom, pilotage artistique.
Mais un jour son permis lui aussi fut déchiré.
Le ballon, son hobby, Jim finit par y souffler.
Médaille d’orge encore une fois.
Comme tout champion enivre les médias.
Pas du genre à dégriser.
Jim se saoule comme un acharné.
Pas du genre à se faire mousser.
Maintenant, Jim se saoule grâce à la télé.
– Hé, les gars ! Faites un peu moins de bruit s’il vous plait, j’ai ma meuf qui essaye de faire ses devoirs !
– Jim est des nôtres, il a bu son verre comme les autres.
– Putain mais nan, vous êtes pas cools ! Putain, mais elle passe en CM1, bordel…
– C’est un ivrogne, ça se voit rien qu’à sa trogne.
C’est à boire, à boire, à boire.
C’est à boire qu’il lui faut !
C’est à boire, à boire, à boire.
C’est à boire qu’il lui faut !
Les alcooliques unanimes
Picolent en faisant leur gym.
Tous les chemins mènent au rhum
Grâce à Jim, on chope la forme.
Pompes à bière, abdos Kro.
Des-altères, bouche collée au goulot.
Fin d’un exercice, je vous le rappelle,
C’est important de s’hydrater.
Pas du genre à dégriser.
Jim se saoule comme un acharné.
Pas du genre à se faire mousser.
Maintenant, Jim se saoule grâce à la télé.
– Hé les mecs, pourriez faire un peu moins de bruit s’il vous…
– Et c’est bon, ça va ! On fait pas de mal !
– Oh putain !
– Mais mets-la coucher ta meuf, on s’en tape du CM1 !
– Mais n’importe quoi putain, c’est hyper important, le CM1, c’est là que t’as toutes les bases, t’sais, en algèbre, en grammaire et en sport.
07
JACQUES POTTE
Bonsoir mesdames,
Bonsoir messieurs.
Bienvenue sur le plateau de votre nouveau jeu.
Passez un moment tragi-ludique
Avec un candidat fort sympa-thétique.
Jacques a 50 ans,
Divorcé, un enfant.
Licencié depuis peu,
Mais tout pour être heureux.
Sa passion dans la vie ?
Les jeux télévisés !
Ça tombe bien car…
Jacques est là pour gagner…
Le jackpot. Le jackpot. Le jackpot.
Jackpot !
20 ans de carrière
Chez Vador Industrie.
Jacques est un maillon faible
Dans la chaîne du profit.
Du chiffre, une lettre
Pour son licenciement.
Pour Marc Vador, démettre,
Quel jeu d’enfant.
Jacques Potte. Jacques Potte. Jacques Potte.
Jacques Potte. Jacques Potte. Jacques Potte.
Jacques Potte.
Motus !
Et bouche cousue pour
Jacques Potte
Qui n’a rien dit à sa femme.
Malheur !
Quand elle a ouvert l’enveloppe,
S’est joué un vrai drame.
Vous avez un nouveau message : « Jacques, c’est pupuce. J’ai découvert avec stupeur cette lettre de licenciement dont tu ne m’as pas parlé. Eh bien tu as tout gagné : je te quitte ! Et tu ne me reverras plus jamais ! »
Le jeu vaut-il leur chandelle ?
Son juste prix est trop cruel. Trop cruel !
– Allez mesdames et messieurs, on va essayer de départager nos sympathiques candidats avec une question super bonus. Un indice ne s’affiche absolument pas sur votre écran puisqu’il s’agit, bien évidemment, d’un disque. C’est parti ! Nous cherchons une personnalité. Je suis un homme (buzzer). Oui, Jacques, je vous écoute.
– Je dirais… Amanda Lear ?
– Eh non.
– Ah zut !
– On continue : ma femme m’a quitté à cause de mon addiction au jeu. J’ai été récemment licencié de l’entreprise Vador car l’actionnaire majoritaire voulait une piscine plus grande. J’ai 50 ans, j’ai du mal à payer mon divorce et je ne possède, bien évidemment, pas de Rolex. Je suis… Je suis…
Jacques Potte !
Mais Jacques se prend au jeu. Il s’égare peu à peu.
Jouer toujours jouer à la roue de l’infortune.
Jacques a dû improviser pour amasser de la thune.
Loto, bingo, dodo pour devenir millionnaire.
Jacques n’a pas dit son dernier mot mais quand il joue, il perd.
Sévère. Il persévère.
Mais Jacques se prend au jeu. Il s’égare peu à peu.
Carnassier dangereux. Le démon du jeu.
Jeu !
Mais Jacques se prend au jeu et il devient accro.
Il s’égare peu à peu dans sa quête du gros lot.
Carnassier dangereux qui lentement le dévore.
Le démon du jeu est un vrai carnivore.
08
POUR LE MEILLEUR
– Vous êtes toujours sur Radio Marie-Jo, la radio qu’il vous faut. Et c’est l’heure de notre grand jeu, la mallette à Marie-Jo. Tout de suite, direction Vendegies-sur-Écaillon, où on appelle Jacques Potte qui va peut-être nous donner précisément le montant contenu dans ma malette. Ça sonne, espérons qu’il est là.
– Allo ?
– Bonjour Jacques, c’est Marie-Jo, de la mallette à Marie-Jo.
– Ah Marie-Jo ! C’est super, je sais, c’est 87 francs !
– Ben attendez au moins que je vous donne la question, Jacques !
– D’accord, mais j’suis tellement content.
– Quel est selon vous le montant exact contenu dans la mallette ?
– Alors, Marie-Jo, le montant contenu dans la mallette à Marie-Jo est de 87 francs !
– Combien ?
– 87 francs !
– Combien vous avez dit, Jacques ?
– Ben 87 francs…
– Ah c’est fort dommage, c’était 96 francs !
– Ah non, ben j’avais compris autre chose, j’ai dû mal comprendre…
– Ah ben oui mais fallait écouter.
– Ben pourtant…
– Mais vous n’avez pas tout perdu ! Vous avez droit à la dédicace du perdant !
– Ah quand même.
– À qui dédicacez-vous la prochaine chanson d’amour, Jacques ?
– Ben je voudrais faire cette dédicace à ma femme qui m’a quitté récemment.
– Ah, c’est fort dommage…
– Ah c’est sûr, mais on essaye de…
– Allez, c’est pas grave, on écoute tout de suite Pour le meilleur de Georges Guy, extrait de son nouvel album « Tabou laid ». Love à tertousse !
Été 82, dans le bois de Saint Amand.
Tu faisais ton jogging et moi, j’enterrais quelque chose.
Je me souviens que nos regards se sont croisés juste un instant et que tu as accéléré ta course.
Pour moi ça a été le coup de foudre et j’ai immédiatement jeté ma bêche en ta direction.
Pour le meilleur…
D’accord au début, tu ne voulais pas
Mais j’avais assez d’amour pour deux.
Un gentleman sent ces choses-là.
D’autant que tu avais les larmes aux yeux.
J’avoue, j’ai été un peu brutal
Mais la passion ne se contrôle pas.
De là à te plaindre à l’hôpital,
Je trouve que tu exagères quelques fois.
Mon amour est pénétrant, pénétrant,
comme ma lame de cutter. Viens ici.
Et tes cris assourdissants, assourdissants,
m’enivrent pour le meilleur.
09
ET POUR LE PIRE
Assez de ta mauvaise humeur ! De tes migraines foireuses !
De tes p’tits plats vapeur ! T’es une vraie chieuse !
Je ne suis pas ta femme, ta bonne et ton infirmière !
Je n’suis pas ta cuisinière !
Tu pourrais ranger ton calbute et tes chaussettes
Au lieu de les jeter par terre !
Connard ! Espèce de pute !
Connard ! Espèce de…
Tu m’casses les couilles !
Maniaque du rangement ! Qui veut tout contrôler.
Tu n’me laisses même pas le temps de m’astiquer.
Collé, calé, scotché dans ton canapé.
Constamment captivé par tes jeux télévisés.
Je voulais une famille en or,
Pas un mec qui pète au lit comme un gros porc.
Connard ! Espèce de pute !
Connard ! Pour le malheur et pour le pire.
Et pour le pire !
Toujours partir tôt de toutes les soirées.
Mais dès l’apéro, t’es déjà bourré.
– Espèce de salope, j’vais t’en coller une, moi, tu vas voir !
– Comment oses-tu me parler sur ce ton !
– J’te parle comme je veux, moi.
– Mais j’vais t’casser les dents, moi, espèce de connard !
– Ouais, c’est ça, énerve-toi, connasse !
– J’vais t’niquer les genoux à coup de batte de baseball !
– Ben vas-y !
Tu m’casses les couilles !!
Connard ! Espèce de pute !
Bâtard ! Va bien te faire foutre !
Putain de mariage à la con.
Unis pour le malheur et pour le pire.
10
BARBIE-STÉRIQUE
Un temps qui pète.
Tant pis, tempête.
Prévisions : tsunami !
Tous aux abris !
Blizzard ! Connard !
Typhon ! Sale con !
Giboulées ! Enculées !
Coup de tonnerre ! Crise de nerfs !
Barbie-stérique ! Barbie-stérique !
Barbie-stérique ! Barbie-stérique !
Barbie-stérique ! Barbie-stérique !
11
MA(R)CHIAVÉLIQUE
Vador adore les comptes d’apothicaire.
Médicapitaliste dur en affaires.
Vador prospère dans la pharmaceutique.
Son empire détient la force stratégique.
Antibiotiques, antiviraux,
Chez Vador, y a tout ce qu’il faut.
Antiseptiques, pansements, compresses.
Votre santé me préoccupe, c’est mon business.
Je vends du collyre aux non-voyants.
Des boules Quies (hein ?) aux malentendants.
Je vends des scalpels aux hémophiles.
Je double les prix pour mes clients séniles !
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador. J’adore.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador. J’adore.
Maintenant Vador produit ses propres émissions.
Pratique pour promouvoir l’auto-médication.
Au générique une pub pour un écran solaire.
Achetez ma crème pour éviter le cancer.
Écoutez-moi ! Malades imaginaires.
Pharma-sceptiques, vous irez en enfer.
Sous les drapeaux de l’homéo-patrie.
Ralliez les psycho-troupes de l’hypocondrie.
Je vends du Viagra aux violeurs,
Et des capotes aux pédophiles.
Ça booste mes ventes d’antidépresseurs.
J’élargis ma clientèle autant que ceux qui l’enfilent.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador. J’adore.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador.
Ma(r)chiavélique ! Marc Vador. J’adore.
Hypnotique, médiatique, politique, diabolique.
Prêt à tout pour le fric.
Auto-bronzant pour lépreux.
Biactol pour les vieux.
Dragées Fuca pour bébés.
Ventes de couches assurées.
Je crée l’offre et la demande
Pour vendre mon nouveau produit.
C’est ma télé qui commande
Et je suis sans merci.
Sans merci !
12
FILS DE PUB
Réveil ! C’est tous les jours la fête.
On se lève tous pour les maux de tête.
Bonjour bonjour les cachets et l’haleine de rat.
Mais Juva bien pour le p’tit-déj’ y a bon Banania.
Hop, hop, hop, hop, hop, hop, hop ! Les gars ! Banania, c’est un petit peu too much. Faudrait faire un truc un peu moins borderline, un petit peu plus « mainstream ».
Toujours sapé United Colors of Benetton.
Je suis le D’Artagnan de la distribution.
Payé c’est fou une fortunéo parce que je le vaux bien.
À ma guise je me joue de vos envies du soir au matin.
Car je suis un… Fils de pub ! Fils de pub ! Fils de pub !
Mais entre vous et moi c’est une histoire de goût.
Lion d’or, si je t’attrape je te mords comme un loup garou.
C’est toujours un succès quand je mets en scène une pub.
La perfection au masculin, mes jingles sont des tubes.
Il n’y a que la maille qui m’aille car je dépense trop vite.
J’aime les bars où on s’acoquine. C’est de la dynamite !
Caprice à deux, à trois. Petits cubes, gros cubes.
Une garce, ça repart, je suis un fils de pub !
Fils de pub !
À fond la forme, contrat juteux pour un nouveau produit.
Une boisson formidable que s’appelorio Elypepsy, oh oui !
Je positive ! Vador et moi, on n’y résiste pas.
C’est bien, c’est beau, c’est moche… What else ?
Du moment que ça paie la vodka.
Fils de pub !
13
GROS CORPS MALADE
Quand le p’tit Nicolas est né, il pesait près de neuf kilos huit.
Son placenta était nappé d’une fine couche de cellulite.
Quand les sages-femmes ont déposé
Le bibendum sur sa maman,
La pauvre femme, trop comprimée,
Par asphyxie mourût lentement.
Baptisé à la graisse à frites et recueilli par sa mamie.
Nicolas n’avait pas de limite en ce qui concerne son appétit.
Couvé, gavé et chouchouté,
Pas franchement fan des manuels.
Les seules études qu’il ait menées
Furent celles des menus XXL.
Pantagruel analphabète sans aucune qualification,
Nicolas remboursait ses dettes en faisant de la figuration.
Mais la vie est parfois bien faite
Et dans les toilettes d’un tournage,
Un producteur baissa la tête
Et vit son tuyau d’arrosage.
14
HARICOT NICK
Bordel de merde, c’est quoi ce braquemard ?
Avec un engin pareil, je vais faire de toi une star.
Grand cornichon grassouillet avec un p’tit pois pour cerveau.
Pas un radis, pas d’idée, mais un sacré poireau.
Nick s’est fait l’avocat du diable devant les films de boules.
Biner de la grande asperge sans prise de chou, ça a l’air cool.
Mais, devenir une star du porno,
C’est pas pour les cœurs d’artichaut.
Nick ne joue que dans des navets à cause de ses kilos en trop.
À cause de ses kilos en trop !
Un pote âgé, pas fayot pour deux sous, qui ne mâche pas ses mots
Lui dit : « C’est pt’être pas mes oignons, petit, mais j’pense que t’es trop gros. »
Nick devint rouge comme une tomate, vexé par ces propos,
Réagit comme une patate, ça lui tourna sur le haricot.
Salsifis, faut qu’j’me réveille ! Légumes non stop !
C’est sûr pour faire de l’oseille, Pas de salade, être au top.
C’est la diète obligatoire Sauf le beurre dans les épinards.
Mais, devenir une star du porno,
C’est pas pour les cœurs d’artichaut.
Nick ne joue que dans des navets à cause de ses kilos en trop.
Haricot !
C’est l’début du Haricot Nick.
S’il ne maigrit pas, c’est pour sa pomme, les carottes sont cuites.
Obsédé par les légumes, les régimes
Qu’un sandwich sauce américaine brime.
Qu’un sandwich sauce américaine brime !
Qu’un sandwich sauce américaine brime !
Qu’un sandwich sauce américaine brime !
15
CHARCUTERIE PLASTIQUE
– Ah ! Bonjour mademoiselle Janolapov !
– Bonjour professeur !
– Comment ça va aujourd’hui ?
– Ben c’est à vous qu’il faut demander ça !
– Bon, écoutez, moi, ça va. Avec le temps qu’il fait, hein.
– C’est vrai qu’on a de la chance. On n’a pas à se plaindre !
– Bon alors on se dépêche parce que j’ai cours de squash à 14h. On a quoi aujourd’hui ?
– Alors je consulte le registre. Ah ! Ça va pas vous plaire, c’est Haricot Nick.
– Pardon ? Haricot Nick ? C’est la quatrième fois ce mois-ci. Mais qu’est-ce qu’il veut encore ?
– Eh bien, écoutez, il a pris… Il a pris le forfait Moby Dick, avec une pénoplastie, une liposuccion et la rhinoplastie qui est offerte.
– Encore une rhinoplastie ! Oh, bientôt on n’aura même plus assez de cartilage pour y mettrez un nez de clown !
Trente ans et déjà obsédé
Par le temps qu’il voudrait arrêter.
Coûte que coûte, Nick veut soigner son physique.
Sans aucun doute, Haricot Nick fréquente la charcuterie,
Charcuterie… plastique !
Plutôt mourir que vieillir,
Quitte à devenir une statue de cire.
Coûte que coûte, jusqu’à l’accoutumance,
Nick se noie dans la fontaine de jouvence.
– Mademoiselle Janolapov, passez-moi la scie, s’il vous plaît.
– Voilà. Ah quel talent !
– J’vous remercie. Passez-moi maintenant la perceuse.
– Tenez.
– Voilà. Passez-moi la clé de douze.
– Pardon ?
– Ah ah, je plaisante bien sûr. Bon, on se reconcentre.
– D’accord.
– Scalpel.
– Tenez, professeur.
– Merci… Merde ! J’ai rippé !
– Mon Dieu, mais qu’est-ce qui vient de tomber par terre ?
– J’crois que c’est son pénis.
– Plaît-il ?
– Ah ben là, c’est la boulette.
– Ne m’dites pas que vous avez enlevé la virilité d’cet homme.
– On se reconcentre. J’ai peut-être besoin d’aide, là.
– Non mais c’est une catastrophe !
La chair, le sang, les lames tranchantes.
Nick n’est plus qu’un morceau de viande à la péremption lente.
Cousues de fil blanc, ses plaies béantes
Ne laissent en lui qu’une profonde cicatrice purulente.
Scalpel glissant et mains tremblantes.
Le chirurgien a dérapé. Le pire est arrivé.
Réveil pesant. Surprise violente.
L’outil de travail de Nick a été débité.
16
THE NUMBER OF THE FIST
Prêt à tout, jusqu’au suicide, car son désir d’être artiste s’efface à cause d’une chose bien plus forte. Victime d’un plan marketing hors norme pour être le number one artist. Une mainmise sur les auditeurs. C’est l’heure précise pour Kurt du sacrifice.
17
METALLIKURT
Comme Cobain, un fusil et juste une balle dans la tête.
Pas la peine. Bras trop petits. Impossible d’atteindre la gâchette.
Metallikurt ! Metallikurt !
Comme Mike Brant, prêt à sauter du sixième étage.
Mort violente ! Fenêtre fermée ! Kurt s’est pris le double vitrage.
Mort subite. Succès garanti.
Record, tube, un hit. La célébrité n’a pas de prix.
Mort subite. Succès garanti.
Record, tube, un hit. Kurt est prêt à y laisser sa vie.
Comme Cloclo, juste un câble électrique dans son bain.
Dans l’eau, son portable a clignoté puis s’est éteint.
Puis s’est éteint !
Metallikurt rêvait de jouer au pendu comme Ian Curtis.
Nœud coulé, pas serré, il s’est fendu le coccyx.
Un cocktail de cachetons comme Dalida.
C’est mortel ! Mais, trop con, Kurt a gobé des dragées Fuca.
– Janolapov, mais qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?
– Encore une tentative de suicide de Metallikurt…
– Qu’est-ce que c’est que cette matière ? Mais c’est de la merde !
Metallikurt ! Metallikurt !
Incision dans les veines. Ça, c’est une bonne technique !
À condition qu’on le prévienne de ne pas prendre de rasoir Bic.
Bic !
18
BARBIE-TURIQUE
Un temps pourri, intempéries.
Prévisions maussades. Risque de tornades.
Pas d’éclaircies, la dépression garantie.
Finie la baignade. Risque de noyades.
Le ciel voilé des averses laisse place au brouillard.
Les gelées la bouleversent et glacent ses idées noires.
Barbie devient givrée, la vie devient tragique.
Barbie a avalé une dose létale de barbituriques.
Barbituriques !
Barbie !
Barbie-turique !
19
PLEIN LES URNES
Je suis celui qu’il vous faut pour gouverner.
L’homme de la situation.
Grâce à moi, demain, toute votre vie va changer
Car j’ai toutes les solutions.
Un beau cadeau pour une part des contribuables.
Baisse des impôts pour tous les gens non imposables.
J’ai le moyen de faire baisser le taux de chômage.
Enfantin : changer le mode de comptage.
L’euthanasie, pas question d’être démagogique :
Anesthésie et transport gratuit en Belgique.
L’éducation, c’est sûr, c’est une priorité.
On leur enverra l’armée.
Votez pour moi. Votez pour moi, pour moi, pour moi, pour moi, pour moi, pour moi.
Votez pour moi. J’en veux pleins les urnes.
À l’écoute, honnête, je n’ai aucun parti pris.
Diplomate comme une girouette.
Pas du genre à taper dans les partis.
Je n’aime pas les étiquettes.
Vador ! Je suis la solution !
J’adore ! Je suis le bon !
Je suis la solution !
Je suis le bon !
Votez pour moi. Votez pour moi, pour moi, pour moi, pour moi, pour moi, pour moi.
Votez pour moi. J’en veux pleins les urnes.
« A voté »
Vador cultive son image pour soigner sa campagne.
Vador trafique les sondages pour assurer la gagne.
Vador s’assure les suffrages à coup de bulles de champagne.
Élections pestilentielles au sucrage universel.
Touche finale du plan ma(r)chiavélique :
Accuser Dada en public.
Votez pour moi ! Pour moi !
Si vous votez pour moi, demain votre vie sera meilleure. Vos enfants seront plus intelligents. La pollution ? Aucune ambigüité, je suis contre ! En ce qui concerne cette épidémie de crises d’épilepsie, j’ai l’intime conviction que le professeur Dadabovic est l’instigateur de ces actes terroristes.
NON !
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RETOUR VERS LE F(O)UTUR
Flash spécial de la plus haute importance qui fait suite aux accusations portées publiquement ce matin par Marc Vador. Nous apprenons à l’instant l’arrestation du professeur Dadabovic dans le cadre de l’enquête portant sur la multiplication récente des cas d’épilepsie spontanée. Le professeur Dadabovic aurait profité de son statut d’animateur sur Vador Télévision pour diffuser des ondes néfastes et provoquer ainsi ces étranges crises.
Les crises amplifiées. Ondes de choc à la télé.
Vador a fait un plan marketing de vrai dément.
Infecter les esprits, vendre son nouveau produit.
Vador est sans remord, Dada est accusé à tort.
(Tort)ure mentale télévisée.
À coup d’images subliminales pour nous faire convulser.
Du coup, c’est un fait, Elipepsy cartonne.
C’est Vador qu’on élit et Dada qu’on soupçonne.
D’une pierre deux coups pour Marc Vador.
Elipepsy se vend à mort.
D’une pierre deux coups pour Marc Vador.
Dada est accusé à tort.
L’info s’est amplifiée. Ondes de choc à la télé.
Pas de doute pour les médias, l’instigateur c’est Dada.
Retour en case départ comme dans un mauvais polar.
Injustice pour décor, Dada est interné à tort.
Costume de méchant sur mesure
Avec du fil blanc pour couture.
Épileptique marginal.
Il est le coupable idéal.
Il est le coupable idéal !
L’équipe de Marc Vador Télévision décline toute responsabilité dans cette affaire. Elle ne cautionne en aucun cas les agissements de ce déséquilibré. Nous condamnons son initiative et nous nous félicitons de son internement. De toute évidence, nous ne sommes pas près de revoir le Professeur Dadabovic…
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